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— Et que pouvez-vous dire ? lui demanda le commissaire.

— Je n’ai pas entendu les paroles, reprit Clairette, mais j’ai vu le charlatan reconduire la petite fille à sa bonne qui causait avec un jeune soldat. Je la reconnais bien quoiqu’elle ait changé de toilette.

— Quoi ! dit sévèrement le magistrat, on vous a prévenue, on vous a une première fois rendu votre enfant, et, de nouveau, vous l’avez abandonnée.

— Mais vous ne voyez donc pas, monsieur le commissaire, qu’ils sont tous d’accord pour m’accuser et vous tromper  ? Qui sait même si l’enfant n’est pas cachée ici ?

Cette fois, le maître de l’établissement retrouva la parole pour s’indigner.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! sanglotait la pauvre mère, qui nous éclairera ? qui dira la vérité ?… pendant ces heures, pendant cette nuit horrible, mon enfant meurt peut-être de frayeur ou de souffrance !

La domestique se répandait en imprécations furieuses, le magistrat la fit emmener.

— Il n’y a pas de temps à perdre, dit le charlatan. L’enlèvement remonte à plusieurs heures, l’enfant doit être en sûreté déjà ; il sera difficile de retrouver la piste des scélérats qui l’ont enlevée.