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— Oui, oui, pria-t-elle à son tour ; interrogez-le vite, monsieur le commissaire ; il est innocent, allez ; il saura bien vous le prouver.

Le magistrat sourit à cette prière naïve, à cet intérêt si peu déguisé, et revint auprès du charlatan.

— Expliquez-nous, dit-il à la domestique, les motifs qui vous font accuser ce jeune homme de l’enlèvement de votre enfant.

Heureuse de pouvoir enfin s’exprimer à son aise, la petite bonne répondit avec une volubilité gênante pour la clarté de son histoire.

— Je me promenais depuis une heure devant les baraques avec ma petite Anina, qui s’amusait de voir les tours de force d’un hercule et les exercices d’un chien savant, lorsque ce blanc-bec, criant sa drogue, attira mon attention.

— Il pouvait bien parbleu en attirer d’autres, murmura Titi, qui était venu de nouveau se mêler au groupe intéressé à cette scène.

— Je me rapprochai de lui, reprit la domestique, et j’écoutais ses paroles dorées lorsque Anina, abandonnant ma main se précipita vers le charlatan, qui la prit dans ses bras et l’embrassa sur les deux joues ; je courus reprendre mon enfant ; ses mains étaient remplies de bonbons que je m’empressai de de lui faire jeter.