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au bal de ce soir. Il n’a pas l’air gai, ça le distraira.

— Essaie, dit Belle et Bonne ; mais je doute. Regarde comme il est rêveur : à quoi peut-il songer ainsi ?

— Peut-être à une jolie et honnête femme comme toi. Avoue que la vertu a son mauvais côté.

— Quel est-il  ?

— Celui de faire souffrir ceux qui nous aiment.

— Folle !

— Attends-moi, Titi ; il faut que je fasse la conquête de ce jeune sauvage-là.

Belle et Bonne suivait avec curiosité les mouvements de son ancienne amie. L’étranger venait de remettre sur sa tête la toque de velours noir ornée de plumes, qu’il avait déposée sur la table pendant son repas, et se disposait à sortir quand Clairette l’arrêta au passage. Il répondit avec son triste sourire aux agaceries de la jeune fille, qui se dirigea avec lui vers le comptoir.

— Tu seras peut être plus heureuse que moi, dit-elle à sa campagne pendant que celle-ci donnait à l’étranger le modeste total de son dîner. Ce jeune homme ne sait pas danser, dit-il, et il refuse mes leçons, ce qui est pas mal dédaigneux ; offre-lui les