Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Oh ! ne viens pas, dans ta mortelle envie
Briser l’augure des beaux jours !
Ne trouble pas l’atmosphère attiédie
Par le souffle pur des amours.

Pitié ! pitié pour l’arbre aux couleurs roses,
Espoir d’un automne lointain !
Tu brûlerais ses feuilles à peine écloses
Si tu passais encor demain.

Ce n’est point seul l’éclat d’une journée
Que ta présence peut ternir ;
C’est la richesse et l’espoir d’une année,
Jalouse, que tu viens cueillir.


Ainsi tout naît, l’homme comme la plante,
Avec l’illusion du cœur,
Qu’il flatte, hélas ! d’une main confiante,
Jusqu’à la première douleur.

Qui n’a pas vu la froide giboulée
Voiler son soleil de plaisir ?
Qui n’a pas vu la tardive gelée
Glacer ses rêves d’avenir ?

camille bias.