Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

nouvelle pratique qui réclamait sa présence au comptoir.

Elle était ainsi hésitante et attentive lorsqu’un couplé échevelé fit une irruption si bruyante dans la pièce où se tenait l’étranger, que ce dernier sortit de sa rêverie pour jeter un coup d’œil aux nouveaux arrivants.

— Ah ! voilà Titi, s’écria Belle et Bonne ; c’est seulement maintenant qu’on va s’amuser au bal.

La jeune fille suspendue au bras de celui qu’on appelait Titi aurait eu la plus ravissante tête qu’on pût voir si quelque chose de libertin et d’effronté n’eût enlevé la sympathique admiration qu’inspirait au premier coup d’œil son joli visage. Cependant, lorsqu’elle s’approcha du comptoir, son regard changea d’expression, et ce fut presque avec embarras qu’elle dit à demi voix :

— Bonsoir, Belle et Bonne.

— Bonsoir, Clairette, répondit celle-ci en lui tendant la main.

Clairette se pencha à l’oreille de Titi.

— Sais-tu, mon vieux, dit-elle, à quoi tu pourras toujours reconnaître une honnête femme ?

— Non, ma foi ; car souvent les grandes vertus ne sont que des vices parfaitement habillés.., en carnaval.