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mon enfant.

Gardez-la toujours, car je l’espère, cette fois, vous voilà à l’abri de la misère.

— Nous sommes riches, André : quel bonheur ! répétait Anina en l’embrassant.

— Riches n’est pas le mot, reprit le père de famille, et, sans travailler avec ça, mes enfants, vous n’iriez pas loin. Or, voici ce que j’ai pensé : on vous mariera d’abord, c’est nécessaire. Anina est aux yeux de tous l’enfant trouvée et élevée par André : elle n’a point de nom, point de famille ; nous avons des témoins, cela marchera tout seul. Si, plus tard, son oncle la découvre et la réclame, ce qui est peu probable, il sera bien forcé de vous prendre à deux ou pas du tout. Une fois mariée, Anina reste avec nous ou avec ma fille Clara, selon son désir, pendant que son mari continuera ses études de médecine. Fontenay n’est pas loin de Paris ; on ne le privera pas de voir sa femme. Après ça, il s’établira où il voudra.

— Oh ! près de vous, toujours ! s’écria Anina ; nous ne vous quitterons jamais.

La reconnaissance, l’émotion, ramenaient les larmes ; l’ex-marchand de vins se leva.

— Et, maintenant, allons dîner. Je suis en appétit, et je veux que tout le monde fasse comme moi, ou sinon… On m’a promis obéissance. Marchons.

Le repas ne fut point triste, on doit le penser ; on