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que tu me connais mal. As-tu pu interpréter ainsi le cri qui m’est échappé ?… Ah ! si je t’ai reproché de m’avoir trompée, c’est que tes sacrifices m’apparaissaient alors immenses, sublimes, déraisonnables ; c’est que mes caprices d’enfant, mes exigences de jeune fille devenaient pour moi des regrets, presque des remords.

— Quoi ! s’écria le jeune homme ivre de bonheur, tu ne craindrais pas !…

— De devenir la femme du plus noble des hommes ; il faudrait donc alors que je fusse méprisable, moi.

Malgré la présence de la famille, le charlatan s’était agenouillé devant Anina, et pleurait sur ses genoux les larmes d’un bonheur qui l’eût étouffé.

— Bien, bien, ma fille, dit Belle et Bonne. Vous l’aimez ! vous l’estimez ; sachez donc combien vous avez raison : il fut élevé dès sa jeunesse pour être dirigé et instruit dans des études de médecine, pour lesquelles il semblait avoir beaucoup d’aptitude. Son grand’père, pour arriver à ce but, sacrifia toutes ses économies d’ouvrier.

Malheureusement il tomba malade, le travail lui devint impossible ; il fallut vivre sur la somme réservée aux études d’André. La paralysie atteignit le vieillard, la misère vint ; plus de ressources.