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— Vous croyez ? demanda la jeune fille avec un accent étrange.

— Sans nul doute. N’êtes-vous pas sauvée, maintenant ? Voudriez-vous encore être la femme d’un charlatan ?

— Je voudrais être seule, dit Anina en laissant tomber sa tête fatiguée sur sa poitrine.

Cela fut impossible. La jeune fille dut subir la visite d’un docteur et l’exécution de l’ordonnance.

Le soir seulement, assez tard, seule avec Betty, elle put enfin lire la lettre d’André.

« Ce que tu veux est un rêve, un rêve impossible, mon Anina. Nous marier en secret ! Ton sort en serait-il plus heureux ? Non, mon enfant, ma sœur. Comme toi, j’ai cédé un instant à l’illusion du désir ; mais ma raison est revenue, je répète le mot : C’est impossible !… Chassée si tu m’épouses, ton sort sera toujours misérable ; je t’ai vue, rejeton de cette aristocrate famille, et je me suis dit : Mon Anina est née une noble fille ; je ne dois, je ne veux être rien pour elle qu’un ami.

» Adieu, Anina ; courage ! J’en ai bien, moi, pour ce dernier devoir à remplir envers toi. Je ne te prie pas de m’oublier ; ce serait méconnaître ta belle âme ! mais sois résignée, sois patiente ; le temps affaiblit la douleur ; tu connaîtras d’autres joies que