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Or, il paraît évident que, si l’on n’y prend garde, cette occasion manquera de plus en plus.

Les sociétés modernes, on le sait, sont admirablement arrangées pour que, selon la prévision du poète « les deux sexes meurent chacun de son côté ». La séparation éducative matérielle et morale entre filles et garçons, se prolonge fatalement dans la jeunesse des uns et des autres. Et l’on sait comment se produisaient, se produisent encore, la plupart des rapprochements décisifs, par l’entremise des parents et des amis, le jeune homme retardant le plus possible la fatale échéance, mais y arrivant tout de même, la jeune fille empressée à dire oui les yeux fermés.

On sait encore quelle somme de mauvais ménages ce système a donné par tous les pays. Aussi, les esprits s’étant éclairés, le système se trouve-t-il désormais compromis. À mesure qu’ils deviendront plus conscients, les jeunes gens et les jeunes filles exigeront, les uns des autres, les garanties qui préparent les unions harmonieuses ; ils se refuseront à reconnaître, dans cette mise une présence préméditée, la rencontre d’où naîtra l’amour de toute une vie. Ils voudront trouver leur compagnon eux-mêmes. On ne peut dire qu’ils auront tort. Mais si l’état actuel des mœurs se prolonge, ils auront souvent tant de peine, que l’institution du mariage se trouvera en grand danger.

Un de nos confrères contait récemment, qu’ayant fait allusion dans un article à quelque correspondant qui souhaitait se marier et ne trouvait pas de femme à son gré, des centaines de lettres lui étaient venues de jeunes gens et de jeunes filles se trouvant dans le même cas. Ceux-là sont déjà de la caté-