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L’Occasion du mariage.



Les jeunes filles instruites, nous disait-on récemment, sont de la graine de célibataires. Les maris les fuient, à moins que ce ne soient elles qui dédaignent les maris.

Or, vous pourrez voir plus loin notre statistique des vieilles domestiques décorées. Les huit dixièmes ou presque sont des « mademoiselle ». Elles ont de trente à soixante-dix ans de service. Au temps de leur jeunesse l’instruction ne courait point encore les rues à l’usage des futures servantes. Il y a donc toute apparence que ce qui les a écartées du mariage, n’est pas un excès d’intellectualité. Je ne crois point, pour ma part, à une diminution de la proportion des mariages. Si l’on pouvait compter, on trouverait sûrement qu’elle est maintenant plus élevée qu’aux jours où les familles mettaient d’autorité les filles au couvent et les cadets dans les ordres, afin d’assurer la situation des aînés.

Et, des causes qui jadis entretenaient l’espèce des célibataires, l’une que nous pourrions appeler la raison d’état de la famille ayant disparu, l’autre, la vocation religieuse, s’affaiblissant, une troisième seule, non moins ancienne dans notre civilisation latine, demeure.

Je m’avance jusqu’à prétendre que le célibat chez les jeunes filles, et aussi chez les jeunes gens, n’est jamais ou presque jamais un parti pris. De part et d’autre, lorsqu’on ne se marie point c’est que l’occasion déterminante a manqué.