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Le Bouif errant

Il se levait, dans l’intention bien arrêtée d’imiter Bussolini, quand Ladislas s’interposa.

— Pas de sottises ! Changeons de crémerie. Allons-nous-en. Viens avec nous.

— Je vous suis, assura Bicard, mais je voudrais montrer à c’t’épateur qu’il ne m’en a pas mis plein la lampe.

— Mais non, mais non. L’auto est là. Ces dames y sont installées. Elles s’impatientent. Allons finir la fête ailleurs.

Bousculé, pressé par Ladislas, Bicard se laissait entraîner, lorsqu’en passant devant la table de Michaël Bossouzof, il remarqua la jeune Gaby qui lui adressa un sourire.

Par contre, le plénipotentiaire le toisa avec un regard de défi et se mit à rire d’une façon qui agaça beaucoup le Bouif.

— Pourquoi ce gros colis rigole-t-il ? fit-il en s’arrêtant net. Il croit que j’ai parlé pour crâner. Tiens ! Regarde ça… paquet !

Et, avant que Ladislas ait pu s’opposer à son dessein, Bicard tira la nappe de Bossouzof d’un geste brusque.

Le désastre fut immédiat et complet.

Projetés à travers la salle, les assiettes, la salade russe et le poulet cocotte, qu’un garçon venait de servir sur la table du diplomate, se dispersèrent, au hasard, sur les toilettes des soupeuses et les habits des clients, au milieu de l’indignation générale. Toutes les bouteilles et les verres dégringolèrent et se brisèrent sur le plancher, tandis que le seau à glace, lancé en l’air, inondait Michaël Bossouzof