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Le Bouif errant

vette de la Chambre, à l’escamotage des consciences et des votes parlementaires que la renommée d’un professionnel du prodige le laissait un peu sceptique.

Il observa donc Bussolini avec une attention profonde.

— Peuh ! confia-t-il à Ladislas, lorsque l’Italien vint saluer le public après deux ou trois expériences, c’est le boniment qui fait tout. Tous ces ballots, qui écoutent la bouche ouverte, ne voient point que cet entôleur les met en boîte en leur racontant des bobards. J’en ferai autant que lui. Et sans battage.

— En vérité ! miaula Bussolini. Voici oune amatore qu’il prétend fara de se textouellement cé qué j’ezécute. Ah povero ! Mira ! Mira ! Regarde !

Tout en désignant Bicard à l’attention générale, il s’était approché d’une table, garnie de plats, de carafes, de bouteilles pleines, de verreries fragiles et de soupeurs assortis à cette vaisselle élégante.

Le sourire aux lèvres, il saisit la nappe, puis, brusquement, d’un coup sec du poignet, il tira et enleva la lingerie, sans même déplacer une carafe, sans faire tomber une goutte de champagne des coupes pleines.

Les spectateurs applaudirent le tour d’adresse.

— Comme c’est malin ! clama Bicard. C’est un truc que tout le monde connaît. À la buvette de la Chambre, il y avait un député qui le faisait à tout bout de champ, pour épater ses copains. Seulement, comme il ne rendait jamais la nappe, j’ai été forcé de lui interdire. Ça n’est pas de la prestigitation. C’est un tour de main. Voilà tout !