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Le Bouif errant

Le pyjama sous mon pardessus pourra vous prouver que je ne mens pas. Seulement, comme on allait rigoler, la police est intervenue et j’ai dû filer en peinard.

Il négligeait de faire connaître son étrange aventure avec le docteur et son évasion précipitée de la villa de Neuilly. Bicard était un homme prudent.

Pour mettre un terme aux questions, il annonça :

— C’est ma tournée ! Que vous offre-t-on, messieurs et dames ?

— Par exemple ! objecta le prince en tirant un élégant portefeuille. Je ne souffrirai point cela. Tu es mon invité, Bicard.

Car le jeune « Ça-Va » et le Bouif avaient éprouvé l’un pour l’autre une si profonde sympathie qu’ils s’étaient tutoyés tout de suite.

— Jamais ! décida Bicard. Ladislas, rappelle-toi que, la dernière fois que l’on s’est vu, tu m’as offert un cinzano après le handicap des pouliches de trois ans ; où tu avais gagné un beau paquet en jouant Célimène, mon pronostic. C’est à mon tour de remettre ça. Une politesse en vaut une autre.

Il s’indignait, refermait d’autorité le portefeuille du jeune prince, avec des protestations polies, prenait à témoin le gérant et les soupeurs des tables voisines. Dans cette lutte de courtoisie, une carte de visite s’échappa du portefeuille de Ladislas et tomba aux pieds de Bicard. Machinalement, il la ramassa et la glissa dans sa poche.

Ce petit fait, qui devait par la suite provoquer de graves événements, passa complètement inaperçu.

Car une nouvelle attraction venait d’entrer dans