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Le Bouif errant



Première partie


Chapitre premier

Un singulier client

— Le rasoir va-t-il bien, monsieur ?

— Pas mal, je vous remercie. Continuez. Prenez garde simplement au grain de beauté, là, sous le menton. Vous laisserez le poil qui est dessus. C’est une avantage physique à laquelle je tiens beaucoup pour des raisons morganatiques, personnelles et sentimentales.

Le barbier s’inclina sans répondre. C’était un garçon coiffeur taciturne et neurasthénique. Il ressemblait à un artiste. Il avait fait de vagues études pour entrer au Conservatoire de Musique. Il regrettait le passé et exhalait quelquefois dans le nez de ses clients des soupirs mélancoliques, en songeant que d’autres, plus heureux, connaissaient la popularité, forme artistique et lucrative de la gloire, tandis que lui, dans une vulgaire boutique de la rue