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Le Bouif errant

— Je suis bon, maugréa Bicard. Ces bandits m’ont séquestré. Je suis incarcéré comme Latude avant la prise de la Bastille. Si seulement j’avais un pantalon ?

Car, par une ironique coïncidence, le futur Sémoikalphalzar ne possédait même pas sur lui le vêtement indispensable qui constitue la suprématie du genre masculin, au dire des femmes.

— C’est indécent ! À quoi que je ressemble et de quoi que j’aurais l’air s’il venait des poules dans la pièce ? Je ne sais même pas où mettre mes mains ?

Machinalement, il s’examina et aperçut la couleur de son épiderme.

La teinture avait commencé son effet. Bicard était devenu d’un beau jaune canari, qui commençait par endroits à tourner au pain d’épices.

— Bon Dieu ! fit-il avec une fureur concentrée. Voilà que je ressemble à une citronnade ! Je suis jaune !

Heureusement, quelques vigoureuses frictions atténuèrent ce coloris trop voyant.

— Il était temps de me réveiller, maugréa Bicard. Heureusement que Falzar Ier n’était pas un nègre. Repérons-nous ! Je n’ai pas envie de rester dans cette asmosphère méphistique.

Doucement, avec des allures de reptile, il se tassa contre les murs épais et opéra avec les épaules une poussée vigoureuse sur la porte.

À son extrême stupéfaction, cette porte, bien huilée, tourna sur elle-même sans bruit, démasquant un corridor étroit dans lequel le Bouif s’engagea avec prudence.