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Le Bouif errant

Mais cette vue fut une révélation pour le Bouif qui se rendit exactement compte.

L’expérience du docteur Cagliari était en train de s’accomplir.

Il était enfermé, comme un cornichon, dans un bocal, dans un tube où il subissait une préparation destinée au desséchement de son épiderme. Déjà une sorte de teinture équivoque s’étendait sur sa peau et lui causait des brûlures et des picotements qui avaient dû le tirer de sa torpeur. Cagliari avait dû se tromper de dose en administrant son anesthésique. Bicard s’était réveillé et allait être momifié tout vif.

Un frisson d’épouvante parcourut le corps du futur Semoikalphalzar qui s’agita dans son étui.

Le cornichon refusait de se laisser mettre en conserve.

— Il y a erreur, fit-il d’une voix rageuse. Je ne suis ni chloroformé, ni anasthasié… Je suis asphyxié simplement. C’est contraire aux conventions du sous-seing privé. Et puis j’ai froid. Je grelotte. Je vais m’enrhumer.

Alors Bicard s’aperçut qu’il était nu.

On l’avait soigneusement déshabillé avant de l’introduire dans son récipient de verre.

Il avait l’air d’un fœtus conservé dans de l’alcool. Seulement l’alcool était remplacé par un mélange gazeux.

Cela contraria un peu Bicard, qui se sentait une soif ardente.

— C’est humiliant, pensa-t-il tout haut. Je suis dans une situation ridicule. Ne balancez pas, s. v. p. Si ce mouvement-là continue, j’aurai sûre-