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Le Bouif errant

tanée. On m’a cru décédé légitimement et je suis inhumé dans un cercueil comme un macchabée réglementaire. C’est affreux.

Instinctivement il se débattit, s’arc-bouta et recommença son mouvement de pendule.

C’était une nouveauté tellement imprévue que Bicard ouvrit très grands les yeux afin de s’efforcer de se rendre compte.

Ce qu’il vit le plongea dans un ahurissement profond.

— Je suis dans un bocal ! cria-t-il.

Il était enfermé dans une sorte de cylindre transparent en mica et qui tournait, suspendu à une voûte en forme d’ogive.

Autour de lui, une atmosphère épaisse emplissait la pièce d’une lourde fumée jaunâtre. C’était ce mélange gazeux qui lui causait à chaque inspiration un moment de suffocation pénible.

Un manomètre, adapté au générateur et aux tuyaux du cylindre, indiquait la pression du mélange.

Tout l’appareil allait, venait, tournoyait dans une pièce basse, dallée et voûtée et munie d’étranges accessoires, de tuyaux, de cornues, d’électrodes ; tout un mobilier de sorcellerie moderne.

Il y avait aussi, toute droite et accrochée à la muraille, la momie desséchée du roi Sémoikalphalzar, qui avait l’air d’une sentinelle placée tout exprès pour empêcher sa réincarnation vivante de s’évader de sa prison de verre.

Jaune comme un vilain bonhomme de pain d’épices, le roi d’Assyrie contemplait Bicard avec un ricanement ironique.