Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
Le Bouif errant

buer le courrier aux locataires sans être obligée de te lever ? C’est stupide de se balancer de cette façon ! Arrête le truc, Ugénie !

Il fit un geste impératif, essaya de se redresser et n’obtint qu’une oscillation plus grande.

Cette fois, au lieu d’être giratoire, le mouvement se manifesta d’avant en arrière et d’arrière en avant. Le roulis avait été remplacé par le tangage.

— C’est un cauchemar, murmura le Bouif. Je dois sûrement rêver que je suis noir. C’est identiquement les mêmes symptômes. Seulement j’ai dans la bouche un goût pharmaceutique inconnu qui me semble une anormalie. La tête me tourne…

Et les pieds aussi ! hurla-t-il avec une surprise mêlée d’effroi. Ugénie !

Sa voix lui parut lointaine et singulièrement affaiblie. Il avait de la difficulté à respirer. Il étouffait.

— De l’air ! fit-il en étendant les bras par un reflexe instinctif. De l’air ! Oh ! qu’est-ce que c’est que cela ?

Il venait de heurter de la main une paroi lisse et fort rapprochée de son corps.

Tout autour de lui une sorte d’enveloppe étroite et formant étui, empêchait toute communication avec le monde extérieur.

Alors une horrible hypothèse fit frémir le Bouif. Et, comme la mémoire des événements de la veille se précisait, peu à peu, dans son cerveau engourdi, il poussa un gémissement désespéré.

— Je suis enterré vivant. Le tramway, au lieu de m’écraser, m’a plongé dans une lithurgie espon-