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Le Bouif errant

Well, fit l’Américain. Il boit beaucoup !

— Il est répugnant, murmura le prince. Il ne boit pas, il s’emplit. Et l’on voudrait que j’aille présider aux destinées d’un royaume de semblables moujiks ? Me vois-tu à la tête d’un régiment de Cosaques tous du même modèle que ce lourdaud ?

Yes ! objecta son compagnon. Ce catégorie d’imbéciles, il est simplement supportable sur un cheval et sous un grand uniforme, couvert de médailles et de crachats.

— J’ai horreur des figures à plaques et des thorax à grands cordons, gouailla Ladislas. Ces gens-là font adorer la France. Ne me parle jamais d’aller régner en Carinthie ou je refuse de te serrer la main. Je ne serai jamais roi. Jamais !

— Cependant tenta d’objecter le gros jeune homme, si la Carinthie te rappelle ?

— La Carinthie m’indiffère. Il y a assez d’imbéciles dans le monde pour ramasser ma couronne. La ramasserais-tu ?

— Non, fit le gigolo corpulent. Je suis Américain libre.

— Et moi Parisien conscient, dit Ça-Va. Cela me suffit.

Il omettait de confier à son ami qu’il avait reçu le matin même une dépêche fort brève du comité révolutionnaire de Selakzastyr qui portait simplement ceci : « Si acceptez proposition couronne, supprimons illico subvention socialiste.Kolofaneski, dictateur (C. D. E. L. P.). »

Cela avait beaucoup contribué à décider le prince Ça-Va à renoncer au trône de ses ancêtres et au gouvernement de ses sujets.