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Le Bouif errant

La seule difficulté était de rencontrer le jeune héritier présomptif.

Pendant le règne du grand-duc Yvan, le parti loyaliste avait, en effet, absolument laissé tomber les intérêts de Ladislas pour jurer fidélité à l’usurpateur.

Quelques vieux partisans du droit divin adressaient bien, en secret, des vœux au ciel pour le rétablissement de la branche aînée, mais tout leur effort se bornait à cette démonstration platonique et tout l’argent du parti servait à grossir la caisse de la propagande du Bon Droit, pour le cas où la Révolution, toujours imminente en Carinthie, forcerait le parti légitimiste à devenir militant.

Car ce n’était pas le parti royaliste qui subventionnait le jeune prince.

C’était le parti révolutionnaire.

Le parti révolutionnaire avait remarqué que les souverains bambocheurs sont beaucoup moins disposés à gouverner que les autres. Il avait donc consacré une bonne part des cotisations populaires à entretenir chez Ladislas une tendance naturelle à l’oisiveté et au plaisir, ainsi que le désir fort accentué de demeurer à Paname et de songer le moins possible à son pays d’origine.

Cette astucieuse combinaison avait fort bien réussi. Ladislas Samovaroff se considérait comme un prince très parisien et rien de plus. Il avait horreur des comités d’action royalistes, qu’il regardait comme un troupeau de turbulents imbéciles et qu’il fuyait avec obstination.

Cette tendance d’esprit n’était pas de nature à favoriser les investigations du comte Michaël Bos-