Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
Le Bouif errant

Chapitre IV

Un roi sans royaume

— Vive le roi !

Plusieurs détonations successives accueillirent ce cri séditieux. On débouchait du champagne, au Bahr-el-Gazal, le bar de nuit montmartrois où le jeune prince Ladislas de Carinthie occupait ses nombreux loisirs en compagnie d’aimables personnes d’un autre sexe que le sien.

Ladislas de Carinthie était un roi sans royaume. Il avait été, à l’âge de six mois, exilé par son oncle, le grand-duc Yvan, à la suite d’une de ces conspirations balkaniques qui se renouvellent tous les cinq ou six ans, pour donner à ces régions de l’Europe la publicité nécessaire à leur existence politique.

La Carinthie était naturellement située entre les Balkans et les Karpathes, comme tous les pays de nationalité indécise, qui fournissent à la diplomatie tant de sujets d’inquiétudes et aux librettistes d’opérettes tant de scénarios réjouissants.

Ladislas était un jeune homme fort élégant, très