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Le Bouif errant

role, Majesté, fit très haut Cagliari.

Il venait de prendre l’engagement et posait sur la table un portefeuille bourré de billets qu’il compta.

— Vérifiez, Majesté.

Ébloui à la vue de ce pactole, Bicard eut un geste de roi.

— Inutile, je m’en rapporte…

Puis il vida jusqu’à la dernière goutte la coupe droguée.

L’effet fut presque immédiat. Une animation subite sembla s’emparer de lui. La face un peu congestionnée, il commença un interminable discours, appela Cagliari « mon vieux Saturne », trinqua avec Baal et Moloch, imagina un plan de réformes sociales pour l’Assyrie, dont il était souverain plénipotentiaire et interchangeable, parla de ses conquêtes féminines et des chevaux qu’il aurait dans son harem. Il divaguait avec de grands éclats de rire.

Tout à coup ses yeux devinrent fixes. Il ouvrit la bouche convulsivement et murmura avec difficulté :

— Sémi…ra…mis ! Ne dites jamais à Ugénie que j’ai connu Sémi…ra…

Il n’acheva point, mais s’effondra sur la table, culbutant la verrerie et les bouteilles, et se mit à ronfler comme un monarque.

— C’est fait ! prononça le docteur Cagliari en subtilisant vivement le portefeuille aux billets de banque. Baal et Moloch, transportez cet imbécile au laboratoire. Nous allons commencer l’expérience.