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Le Bouif errant

Il avait toujours remarqué, dans ses existences antérieures, que les grandes questions politiques et les grands marchés commerciaux se traitaient beaucoup mieux à table.

Les émotions de la journée et de la nuit l’avaient excessivement déprimé. Il avait faim et Il avait soif.

Le billet de banque qu’il avait glissé dans la poche de son pyjama avait achevé de lui rendre son assurance. Il ne craignait plus Cagliari, ni les mystères de l’Au-delà.

— Causons ! fit-il en s’installant. À votre santé, la coterie !

— À votre santé, Majesté, répondit Cagliari. Je vois que ma proposition vous intéresse.

— Ça dépend, murmura le roi réincarné, la bouche pleine. Causez toujours.

— J’ai entrepris, expliqua l’assyriologue, de faire revivre cette momie.

Il désigna du geste le sarcophage et la dépouille desséchée.

— Mon esquelette, fit Bicard.

— Oui ! Évidemment, je ne puis pas ordonner à votre âme réincarnée de reprendre cette forme usagée. Mais je puis, par un traitement approprié, donner à votre corps actuel l’apparence de ce vieux débris.

— Soyez respectueux, gouailla Bicard. Un Falzar n’est pas une peau de lapin. Expliquez-moi ensuite par quel moyen…

— Peu vous importe ! Il n’y a aucune souffrance à craindre. Un soir, vous vous endormirez, comme d’habitude, et vous vous réveillerez desséché, avec la couleur, l’aspect, la rigidité de cette