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Le Bouif errant

mêmes passions, les mêmes instincts que ceux qui animent cette momie.

« Comme le commun des mortels, vous vous ignoriez vous-même, Majesté ! Mais, au milieu de cette reconstitution d’une époque où vous avez vécu, puissant, respecté et craint, vos souvenirs vont se ranimer ; votre réincarnation va remonter le cours des siècles ; vous allez redevenir le Roi des Rois, Sémoikalphalzar, fils de Sennachérib.

« Sémoikalphalzar, réveillez-vous !… »

Il y eut dans la pièce un silence profond. Sans doute l’injonction impérative du docteur opérait sur le monarque réincarné.

Il avait l’air méditatif et fort embarrassé. Abruti par la grandeur de son rôle, il interrogeait du regard Baal et Moloch, comme pour solliciter un conseil.

Puis, comme Baal et Moloch demeuraient figés dans leur attitude réservée, le roi Sémoikalphalzar se gratta légèrement l’occiput et prononça simplement :

— Merde !

Évidemment, ce potentat de l’antiquité répudiait la majesté de son histoire.

— Mande pardon à ces messieurs, expliquait l’ex-monarque assyrien, mais je n’ai pas pu trouver d’autre mot pour vous exprimer ce que j’éprouve. À quoi ça peut-il me servir de savoir que j’ai été un souverain empaillé et que j’m’appelais Falzar Ier dans le Gotha des temps disparus ? J’aurais préféré décéder cette nuit sans m’en apercevoir et renaître sous une nouvelle création… Cheval de courses par exemple, ou poule de luxe, ou bien