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Le Bouif errant

ennemis). Ce nom et son pseudonyme étaient peu décoratifs. Saturnin avait donc profité de la publicité d’un film d’art pour s’approprier, à peu près, le titre et la silhouette d’un personnage popularisé par l’écran. Et les gens, qui voyaient passer, enveloppée dans son grand macfarlane, cette sombre figure hoffmannesque, se retournaient avec un peu d’émotion. Le docteur était personnellement une excellente affiche vivante pour sa clinique.

Celle-ci, extérieurement, ressemblait à l’immeuble d’un notaire. Elle possédait un jardin honnête, avec des allées de gravier et un bassin dont le jet d’eau abreuvait des poissons rouges. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient grillées et celles du premier étage munies de contre-vent à moitié cachés par un revêtement de lierre qui recouvrait une partie de la façade.

Mais, à peine entrés dans la maison, les visiteurs éprouvaient un effarement qui contribuait singulièrement à ébranler leur état mental.

Le vestibule donnait l’impression d’un temple des premières civilisations orientales. Les murs de l’escalier et des corridors étaient recouverts de bas-reliefs en plâtre peint, représentant toutes les divinités assyriennes et chaldéennes : les dieux ailés à tête de taureaux, les déesses à têtes de serpent, les Keroubis et les Istars, tous les symboles de la perversité et de la cruauté voluptueuse des Ninivites.

Il y avait également, au milieu d’inscriptions en caractères cunéiformes et de reproductions de carnage, les effigies des rois conquérants qui mirent les premiers en honneur le Militarisme Intégral.

Tiarées, gemmées, entourées des anneaux pétri-