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Le Bouif errant

Prenant son courage à deux mains, il ouvrit enfin l’enveloppe.

« Coco », écrivait Kiki à Bicard.

Rien ne semblait s’être passé depuis le départ de Mlle Coqueluche.

« Coco, écrivait Kiki. J’ai un succès fou. Viens me voir. Je vais tourner, incessamment, « La Princesse de Los-Angeles ». Je pense que tu pourrais aussi jouer un rôle épatant dans la production. Ne rate pas l’occase, Coco. Ça vaut le voyage et je serai contente de t’embrasser.

« Ta Kiki : Cécile Coqueluche, Star. »

Les quatre lettres du dernier mot dansaient devant les yeux du Bouif comme un papillon : Star ! Star ! Star ! Star !

Mlle Coqueluche, la gosse de la rue Lepic, était devenue « Une Star ».

Le Bouif répétait le mot sans se lasser. Il était joyeux comme un enfant. Plus heureux que lorsque sa sacoche et ses millions n’étaient pas évanouis en fumée.

Une voix timide l’interpella. C’était celle d’une petite bouquetière ; une pauvre enfant en guenilles, jolie, sous ses haillons, mais pâle comme une fleur qui se fane. Bicard regarda la petite. Il était, peut-être, moins riche qu’elle, mais l’espérance remplaçait le numéraire. Le Bouif errant prit ses « Cinq sous » et les donna à la pauvresse.

— Merci, monsieur, fit l’enfant. Je souhaite que toutes vos affaires réussissent.