Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
Le Bouif errant

— Monsieur Alfred ?

— Madame Soupir ?

La concierge avait reconnu Bicard.

— Ah bien ! fit-elle. Ah bien, monsieur Alfred, vous pouvez dire que je vous ai serché. Il y a chez moi une lettre pour vous.

— Pour moi ? balbutia le Bouif.

— Une lettre d’Amérique. Attendez.

Bicard dut s’asseoir sur une borne. C’était une lettre de Kiki.

— Merci, fit-il à Mme Soupir. Au revoir, je me débine.

— Comme il est sangé, ronchonna la pipelette. En voilà un sauvage, à présent.

Bicard s’était enfui, avec sa lettre, sur le boulevard des Batignolles. Il finit par tomber sur un banc. Il n’osait pas ouvrir l’enveloppe.

Il lui semblait que le papier, couvert d’une grosse écriture, exhalait un parfum, qui lui rappelait celui de la chevelure de Mlle Coqueluche. Il regarda les timbres d’Amérique et lut une inscription : « Holywood ».

Ce nom ne lui était pas inconnu. Il l’avait entendu prononcer, au studio de Clairvil, par les agents de la Firme Américaine qui lui avaient fait des propositions d’engagement. Ces messieurs lui avaient donné l’adresse de leur agence, « boulevard des Batignolles ». Le nom sonnait encore dans l’oreille de Bicard. Il regarda autour de lui et aperçut sur une maison en face, une enseigne énorme. C’était la « Firme Américaine ».

— Coïncidence ! murmura Bicard.