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Le Bouif errant

— Monsieur le Commissaire, en effet. Mais ce n’était que partie remise, et ma parole…

— Votre parole est fort autoritaire, mais elle ne vaut pas cinq millions, monsieur Clairvil. J’entrevois, dans le fait d’encaisser une pareille somme, sans constitution de société, sans actes authentiques, pour sauvegarder les intérêts du prêteur, une combinaison assez louche ; cette affaire est fort peu honorable et je vous conseille, monsieur, de tourner un scénario sous le titre : « Le voleur volé ». Ce sera un de vos plus beaux films d’art… Allez !

Un peu décontenancé par cette mercuriale, le négrier metteur en scène, se retira sans protester.

— À présent, fit le magistrat, en se tournant vers un personnage vêtu d’un costume militaire de haute fantaisie, avec des boîtes, un dolman, des décorations et un grand cordon en sautoir, voulez-vous me donner quelques nouvelles explications, monsieur Bicard ?

— Mon Commissaire, je dois dire, d’abord, que c’est la première fois que j’ai à faire à un flic intelligent. Il y a commencement à tout.

— Au but, monsieur Bicard, je vous prie…

— Je vous remercie. Je vais parler sans jambages. Je suis désolé que les billets de banque français, que j’ai remis à cette crapule d’honnête homme, soient une contrefaçon repréhensive et coupable. J’ai tellement cru qu’ils étaient valables que j’ai acheté, avec eux, du matériel d’état-major, vendu par un officier supérieur espécialement chargé de le garder. J’ai payé deux cent mille francs une saucisse inamovible, avec laquelle je me suis débiné hors des atteintes de la Révolution