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Le Bouif errant

bien regrettable de gaspiller de pareilles aptitudes. Vous êtes tous de futurs as de cinéma.

— Vraiment, s’écria Mitzi avec joie ?

Une femme, naufragée ou princesse ne résiste jamais à l’attrait de se faire admirer sur un écran. Le cinéma, comme le Fruit défendu, ne connaît point d’indifférentes.

Sava lui-même paraissait enchanté.

La perspective de tourner avec Mitzi le ravissait. Le jeune homme devenait de plus en plus épris de la jeune fille.

Et puis l’indécision de l’avenir commençait à inquiéter Sava. L’insouciant viveur n’existait plus. Depuis que Sava connaissait Mitzi, Ladislas avait peur de la Pauvreté. Prince déchu, roi sans royaume, il craignait de n’offrir à Mitzi qu’une existence pleine de privations ; le cinéma, c’était encore du roman, des aventures, et aussi, des appointements, qui empêcheraient la Princesse de connaître les mauvais jours.

Seule Zizi-Pampas commençait à trouver que Clairvil s’emballait un peu vite.

— Tu vas fort, dit-elle à l’oreille du metteur en scène. Pourquoi t’emballes-tu sur ces gens-là ? Ils n’ont peut-être aucune aptitude ?

— Ils ont cinq millions, dit Clairvil. Cinq millions de capital dans notre poche peuvent fonder une Firme admirable : les Films Clairvil and Co limited… Clairvil pour le succès et les bénéfices et Limited pour le Bailleur de fonds. As-tu saisi ?

— C’est peut-être de la filouterie ?

— as de gros mots. L’art est au-dessus des