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Le Bouif errant

grande joie intérieure aux subalternes. Une scène de Kirby à Clairvil faisait la jubilation du Personnel, qui en parlait pendant huit jours.

Pourtant les nègres n’ignoraient pas que la fureur du négrier se retournerait contre eux ; lorsque la Star ne serait plus là. Chaque querelle avec la grincheuse étoile rendait le metteur en scène plus despotique. Seulement comme l’humeur de Clairvil reflétait extérieurement le dépit qu’il ressentait en lui-même, les nègres se félicitaient d’être rudoyés. C’était signe que le Boss avait étrenné dans les grands prix.

Une deuxième force naturelle forçait également Clairvil à s’incliner. C’était l’argent.

Sa soumission et sa platitude envers les riches rivalisaient avec son orgueil et sa jactance avec les humbles.

La vue des millions de Bicard lui fit donc exécuter un de ces demi-tours complets, dont il possédait à fond la théorie et la pratique.

— Mirontin et les autres, dit-il, venez donc ici et regardez. Comment trouvez-vous cette jeune dame et ses deux compagnons ?

— Zizi-Pampas leva les yeux et braqua son face à main sur le kimono de Mitzi.

— Mal habillée, ft-elle.

— C’est tout à fait épatant d’entendre une négresse, avec un collier de noix de coco et une plume dans le nez, parler de la Mode de cette façon, grogna Bicard.

Clairvil eut un sourire indulgent.

— C’est une femme, dit-il doucement. L’avis des femmes ne compte pas. Je m’adresse à ces