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Le Bouif errant

vront, ils courront tous vers leurs pirogues et se débineront comme des lapins.

— En vérité ?

— Oui… Ensuite la jeune personne culinaire se percipitera à ma rencontre, se prosternera à plat ventre devant moi et prendra mon pied entre ses mains pour se le poser sur la tête.

— Dans quel but ?

— C’est l’usage, précisa Bicard. D’ailleurs vous allez voir si je mens. Marchons !

L’escouade continua sa route en se dissimulant dans les végétations environnantes.

Pour plus de sûreté, en cas de retraite, le Bouif avait conservé la sacoche des millions en sautoir. C’était le trésor de l’Armée blanche.

L’Armée noire était encore invisible.

Cependant, à mesure que le Corps expéditionnaire s’approchait de plus en plus d’une sorte de calanque dominée par des roches escarpées, un concert de tams-tams et trompes sauvages commença à devenir distinct.

— Le Jazz, fit le prince. Les Cannibales sont à la page.

— C’est le Hupa-Hupa, précisa le Bouif ; la danse devant le buffet avant de rôtir la Volaille.

— Oh… C’est horrible ! gémit tout à coup Mitzi. Vous aviez raison monsieur Bicard.

Très pâle, elle désignait du doigt, sur le rivage, un groupe d’hommes noirs, aux cheveux crépus, bariolés de tatouages, hérissés de plumes, ornés d’anneaux dans le nez et dans les oreilles, l’air féroce, horribles à voir. Ces sauvages dansaient un pas démoniaque autour d’un bûcher circulaire sur