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Le Bouif errant

inquiétude. Le jeune homme ne trouvait pas le temps long.

Tout en occupant le Présent de la plus agréable façon, les deux jeunes gens parlaient du Passé et de l’Avenir. La Princesse songeait à la Carinthie. N’étaient-ils point partis avec trop de hâte et sans réfléchir ? Quels événements s’étaient déroulés à Selakçastyr depuis leur départ ? Sava se reprochait, un peu, d’avoir déserté la Cause. Mitzi l’encourageait à ne plus refuser la couronne.

— Reverrons-nous jamais la Carinthie, petite cousine ?

— Il faut l’espérer, Majesté.

— Princesse, fit Sava, en souriant, nous sommes sur un terrain peu propice pour bâtir des châteaux balkaniques. Que nous importe la politique. Songeons que nous sommes peut-être destinés à renouveler l’aventure de nos premiers parents. Vous êtes Ève et je suis le Premier Homme.

— Et que faites-vous de votre ami Alfred ?

— L’Ange Gardien, affirma le jeune homme. Ce rôle contemplatif et tutélaire convient très bien à Bicard.

Un cri de surprise échappa à Mitzi.

L’Ange Bicard, armé jusqu’aux dents, tenant sous les bras un Arsenal, congestionné, suant comme une gargoulette, venait d’apparaître devant eux.

— Que se passe-t-il ? demanda Sava. L’île déserte est-elle habitée ?

— Et comment ! souffla Bicard : Messieurs et Dames, je vous annonce Les Carnibales.