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Le Bouif errant

fugitifs commençaient à respirer, quand dans un virage dangereux ils aperçurent des soldats.

Un poste de skipetars barrait la route et leur faisait signe de s’arrêter.

Les chevaux des cavaliers formaient un obstacle impossible à franchir. Sava stoppa afin de parlementer.

— Gagnons du temps, dit la Princesse.

— Je vous laisse causer au sous-off, fit Bicard. Moi je disparais en peinard, dans le tonneau, avec les millions. Dites que vous êtes un gigolo et une poule et que la Politique vous laisse froids.

— Y songez-vous, balbutia Mitzi un peu confuse.

Sava ne demandait pas mieux. Cette promenade d’amoureux lui semblait fort naturelle. Un sous-officier de cavalerie ne trouverait pas singulier cette partie fine en pleine forêt. Les Skipetars étaient habitués aux aventures de ce genre avec les demoiselles de Sélakçastyr, qui adoraient l’uniforme.

Les soldats n’avaient pas d’opinion. Leur profession était l’Obéissance. Ils n’étaient pas forcés d’être intelligents et l’esprit d’initiative leur était interdit tant qu’ils ne possédaient pas de galons.

Au premier coup d’œil, Mitzi s’aperçut que le maréchal des logis, qui la saluait, était prétentieux et galant.

La fine mouche lui adressa un sourire tellement aimable que le jeune militaire se rengorgea.

En Carinthie, comme partout, l’homme à cheval est un séducteur. Le fantassin n’est qu’un bipède. Le cavalier est un gigolo doublé d’une bête. C’est une supériorité et un mérite aux yeux des