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Le Bouif errant

— La police, gloussait le guichetier… Il a dit la police… Quel imbécile !…

— Sire, reprit Kolofaneski, vous avez une bien piètre idée de l’organisation de la Main Noire. La moitié de la police carinthienne nous obéit et nous sommes informés, heure par heure, de tout ce que l’autre moitié peut tramer contre nous.

Il prit une sorte d’appareil téléphonique, accroché dans un coin du couloir, et écouta.

— Personne ne s’est encore aperçu de votre disparition, Sire. Les souterrains de la C. D. E. L. P. sont reliés à tous les appartements du Palais par une installation microphonique. Les moindres soupirs des rois sont entendus ici. J’ai surpris de la sorte bien des mystères et entendu de curieuses révélations.

— C’est du roman cinéma, grogna Bicard. Jusqu’à présent je croyais que les romans cinéma étaient réservés aux concierges. Je vois que les idées d’Ugénie n’étaient pas des visions. La Franc-Maçonnerie des Karpathes est vraiment bien organisée.

— Merci de cette bonne opinion, Majesté. Je regrette d’être obligé de vous laisser sans compagnie pour vous distraire. Adieu ! Lorsque vous aurez besoin de quelque chose, sonnez : un coup pour le garçon et deux coups pour la femme de chambre.

Tous sortirent. La lourde porte se referma avec un bruit de ferraille sinistre et le Roi de Carinthie resta seul dans sa souricière, écoutant le bruit des pas des conspirateurs qui s’éloignèrent longtemps.

Le Bouif était persuadé, maintenant, qu’il était bien une victime de la Révolution. Il se rappela