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Le Bouif errant

Pour se rendre compte, il prit son épingle et l’enfonça sournoisement dans la cuisse du geôlier.

L’homme poussa un hurlement affreux.

Au bruit les trois hommes sursautèrent. Un des capuchons tomba. La tête de Kolofaneski apparut.

— Entrez, Monseigneur, fit-il à Bicard, avec la plus grande courtoisie.

— Après vous, dit le Bouif, s’il vous plaît.

Mais le gigantesque geôlier le poussa si violemment qu’il alla presque s’écraser contre les murs du cachot.

C’était une sorte de cul de basse-fosse, avec tous les accessoires indispensables à une prison de ciné-roman. Un lit de camp, un oreiller de paille, une couverture, un escabeau grossier, une planche scellée au mur et servant de table, un encrier et un porte-plume reliés à la cloison par des chaînes de fer, afin que le détenu sente bien peser sur lui toute l’horreur de sa situation de captif.

Il y avait à terre une cruche pleine d’eau, et, sur la table, une botte de foin.

— C’est tout ce que je puis offrir à Votre Altesse, gouailla Kolofaneski. Il y a un monde fou dans ce Palace. Mais nos prisonniers n’y moisissent guère.

Bicard affecta une assurance qu’il était bien loin de ressentir.

— J’espère ne pas y moisir plus que les autres. J’ai là-haut des copains qui me chercheront. Un roi ne se perd pas comme un collier de perles. La police sera bientôt ici.

Kolofaneski, le geôlier et les deux membres de la Main Noire se mirent à rire aux éclats.