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Le Bouif errant

côté de chacune d’elles, un geôlier à moustaches énormes montait la garde.

— C’est le genre du Musée Grévin, affirma doucement Bicard. C’est des mannequins en cire, qui sont là pour illusionner les visiteurs.

La piste tournait ; un instant Bicard s’imagina revenir sur ses pas. Mais les numéros des in-pace avaient changé. Et chaque fois il apercevait un nouveau geôlier, tantôt chauve, tantôt les cheveux en broussailles. Le corridor paraissait s’allonger interminablement.

C’était à croire que la Main Noire possédait des catacombes sous tous les quartiers de Sélakzastyr.

Le Bouif commençait à perdre peu à peu sa belle assurance. Cette mystification durait en vérité trop longtemps. Il ne parlait plus, ne plaisantait plus ; il finissait par se croire le jouet d’un cauchemar.

Il se secoua, regarda par terre ; il foulait un sol humide, une terre grasse, où ses pieds nus glissaient. Il éternua violemment.

— Silence ! commanda rudement le chef. Nous arrivons.

La petite troupe venait de s’arrêter devant une petite porte bardée de fer et dont le bois disparaissait sous les verrous et les serrures. Un geôlier gigantesque veillait auprès de l’entrée de cette oubliette, qui portait un numéro énorme.

— Le cachot des rois, Majesté.

Le geôlier vint regarder Bicard, dont il éclaira le visage avec un falot de corps de garde.

L’homme avait une figure féroce si effroyable que le Bouif fut persuadé qu’il rêvait.