Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
Le Bouif errant

Main Noire, affirma la voix autoritaire. Les cinq doigts et le pouce sont partout.

Mais, contrairement aux prévisions des trois juges, cette menace parut causer un sensible plaisir au prisonnier.

— Je saisis le truc, à présent. Tout ça, c’est de la rigolade, des épreuves sportives, clandestines et émotionnantes, comme celles qu’on institue à l’égard des apprentis francs-maçons. Je connais le business de la coterie. J’ai contribué à la réception de mon ami Compote, le député de la Guadeloupe, à la loge Corruption et Démagogie. En Carinthie, la Corruption et la Démagogie se nomment les Cinq Doigts et le Pouce. Autrement dit, la Foire d’Empoigne. Vous êtes les francs-maçons de Carinthie !

— Nous sommes des révolutionnaires, Sire !

— Parbleu ! fit le Roi. Moi aussi.

— Assez ! grogna le plus grand des trois hommes. Roi Ladislas, depuis plus de vingt ans, nous avons subvenu à toutes vos fantaisies, à condition que vous refusiez la couronne. Nous vous avons permis de mener une existence fastueuse…

— Je ne m’en suis jamais aperçu, fit le Bouif. J’ai été fastueux sans m’en douter.

Il y eut un colloque rapide entre les trois fantômes, puis l’interrogatoire recommença.

— Qui êtes-vous ?

— Je ne sais pas au juste, fit Bicard. Hier j’ai été accablé d’honneurs fatigants, inconsidérés et monarchiques ; à présent, je suis inondé d’injections autoritaires et despotiques. Je désirerais tout de même être fixé.

— Roi Ladislas, votre nom ? reprit la voix.