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Le Bouif errant

— Le reconnaissez-vous ? fit Cagliari. Cet imposteur s’imagine sans doute que la Carinthie est trop loin pour que j’entreprenne le voyage. Je vais démasquer ce Sycophante… Partons !

Les deux aides du docteur se regardèrent sans répondre.

— M’entendez-vous ? hurla Cagliari, ne restez pas inactifs. Le temps presse. Il faut être après-demain à Sélakzastyr. Allez !

Deux heures plus tard, les trois hommes arrivaient à la gare de l’Est et prenaient place dans l’Orient-Express.

Tandis que l’Orientaliste et ses compagnons filaient, à toute vapeur, à sa recherche, le Roi de Carinthie était en proie à de pénibles réflexions.

Au premier moment, la frayeur qu’il avait éprouvée, en sentant son lit s’engloutir dans un sous-sol mystérieux, avait empêché Bicard de réfléchir.

Puis il essaya de se rendre compte. Mais l’obscurité complète s’y opposait. Le lit continuait à s’enfoncer dans un gouffre profond.

— Ça ne peut pas durer sept ans, pensa Bicard, en se dressant sur son séant. Si, au moins, j’avais des allumettes. Un ascenseur qui descend est une anomalie mécanique. Il faut voir.

Mais il eut beau fouiller dans toutes ses poches, son pyjama ne contenait que sa pipe et une épingle.

— Ah çà ! Où me transporte-t-on ? grogna-t-il. Je déclare que les mystifications sont indignes d’un pays civilisé… Quel est l’idiot qui s’est permis de porter atteinte à la majesté de mon grade ?

— C’est moi, fit une voix grave, dans l’ombre.