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Le Bouif errant

à Los-Angelès, qui est la capitale des phénomènes.

— Vous auriez pu l’accompagner, insinua la caissière.

— En Amérique ! Une nation qui à institué la Prostitution des Alcools ! Vous n’y songez pas. Je suis un produit essentiellement français, et si je m’exporte à l’étranger, ce ne sera pas dans un pays sec. La France me suffit jusqu’à présent. Je l’ai défendue pendant la guerre et administrée pendant la paix. J’y ai été aimé par une colonelle de spahis et par une débitante de tabacs. C’est des souvenirs qu’on n’emporte pas avec la semelle de ses souliers… et puis j’ai des raisons pour demeurer à Paname !

Il soupira avec une expression sentimentale. Depuis quelques instants, il semblait chercher quelque chose dans la boutique. Ce n’était point son chapeau de paille, qu’il avait remis sur sa tête, ni sa monnaie, qu’il avait réintégrée dans sa poche. C’était un objet moins prosaïque.

— Mes fleurs ? Où sont passées mes fleurs ? murmurait-il.

— Vous avez égaré un paquet ? demanda la Caissière, qui poussa l’amabilité jusqu’à se lever à moitié hors de son comptoir.

— Oui ! J’avais déposé sur une chaise trois œillets roses et une branche de lilas blanc. La chaise est encore à sa place, mais les fleurs rares ont disparu… Oh !

— Quoi ! fit le garçon perruquier.

— Il y a monsieur qui est assis dessus, continua le singulier petit homme avec une expansion d’horreur. je me demande comment on peut engraisser