Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
Le Bouif errant

ques. Ils ne se saluaient qu’entre eux. Hors de leur église, il n’y avait point de salut.

Et tous exigeaient la plus grande considération et la première place dans les cortèges officiels.

Comme, d’autre part, tous affirmaient que chacun d’eux en particulier était mort deux ou trois fois au moins pour la Patrie, les organisateurs des cérémonies nationales ne jugeaient pas dangereux de leur donner cette petite satisfaction d’amour-propre et laissaient parader à leur aise ces encombrants soldats trop connus.

Les Jeunesses Royalistes en profitaient pour faire une propagande intensive. Ils faisaient de l’apostolat et distribuaient des tracts, au coin des ponts, dans les carrefours, aux mariages, aux enterrements, etc.

Mais à force de semer le vent, on récolte parfois la tempête.

La tempête se manifestait sous la forme concrète de trognons de choux, de pommes pourries, d’œufs couvés que les membres de la société secrète de la Main noire gardaient en réserve, pour accueillir les manifestations des trublions de Carinthie.

La police, fort heureusement, était habituée à ces convulsions politiques.

Elle ramassait soigneusement les projectiles, en détail, et les revendait, en gros, aux manifestants, pour faciliter leurs opérations stratégiques futures.

Seuls les paisibles citoyens de Selakçastyr souffraient de ces conflagrations intestines en encaissant constamment les coups.

C’est pourquoi l’apparition des membres de la