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Le Bouif errant

ropéenne ces témoignages de la valeur Carinthienne avaient pris leurs invalides au Palais Royal de Selakçastyr. Les mauvais plaisants assuraient que les commerçants du quartier israélite avaient fourni une grande partie de ces trophées. Il fallait en conclure que ces glorieux symboles avaient été vendus par les soldats chargés de les défendre. Cette hypothèse diminuait beaucoup la valeur de ces glorieuses dépouilles, mais les militaristes déclaraient avec indignation que c’était une odieuse calomnie.

Vis-à-vis des drapeaux, trophées de guerre, il y avait les bannières, trophées de paix.

Ces bannières, en soie de toutes les teintes, étaient ornées de médailles d’or, d’argent, de vermeil ou de ruolz, suivant l’importance des combats où elles avaient figuré avec honneur.

Chacune représentait une des corporations philharmoniques de Selakçastyr et des autres villes du royaume. Chaque corps de métier possédait, en effet, sa musique. Il y avait l’Harmonie des Huissiers, la Fanfare des Pompes funèbres, l’Orphéon des Garçons de Cafés, la Chorale des Dactylos, etc. Et toutes ces corporations déposaient leurs bannières au Palais Royal, où elles figuraient honorablement. Seuls les tziganes avaient refusé de se grouper. Mais les tziganes, on le sait, représentaient l’opposition, ainsi que les Postes et les Télégraphes qui, dans tous les pays du monde, sont les éternels mécontents.

Au milieu de ces oriflammes, le trône du Roi constituait le seul objet mobilier de la grande galerie des armures.