Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
Le Bouif errant

— Sire, objecta Bossouzof, la Vie d’un Roi est exposée à de tels dangers au milieu de sa capitale, que le geste de M. le Secrétaire particulier n’est qu’une précaution indispensable.

— Vous auriez pu me dire ça plus tôt, grogna le Roi de Carinthie ! Si je tombe de Caraïbe en Syllabe, ce n’était pas la peine de quitter Paname.

— Mort au Tyran !… hurla soudain une voix féroce.

C’était Kolophaneski, entouré de son escorte de Tziganes.

Sa vue fit cabrer les chevaux des Skipetars.

Heureusement, les conspirateurs calmèrent, eux-mêmes, les montures et rassurèrent les Gardes du Corps.

— La Police est bien organisée, conclut Bicard.

— Sire, balbutia le Maréchal du Palais… ce n’est pas… la Police. C’est, au contraire, une troupe de Perturbateurs qui se permet…

— De rétablir l’Ordre ! ricana Bicard. Ce pays me plaira beaucoup.

Il adressa à Kolophaneski un petit geste d’amitié maçonnique. Le Grand Maître des Cinq doigts et le Pouce en demeura fort étonné. Le Roi ne paraissait point le prendre au sérieux.

Séance tenante une Assemblée secrète s’organisa à la devanture d’un café. Il fallait savoir, à tout prix, les intentions de cet ironique monarque, qui avait déjà trahi la confiance des Carbonaris Balkaniques, en acceptant la Couronne, après avoir touché, pendant plus de vingt ans, le prix de son abdication.