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Le Bouif errant

gouement international pour les orchestres américains.

Les Tziganes étaient tous des mécontents. C’était donc dans leur corporation que le Parti des dissidents choisissait ses recrues les plus fidèles.

Ils représentaient à Sélakçastyr l’opposition active. Leur uniforme voyant les désignait particulièrement à l’attention des paisibles bourgeois qui s’écartaient d’eux avec crainte, et à celle de la Police qui imitait la prudence des bourgeois.

Aussi ces conspirateurs avaient-ils coutume de revêtir immédiatement leurs insignes dans toutes les cérémonies officielles, afin d’éviter les malentendus et les erreurs judiciaires.

Ils circulaient ensuite avec ostentation, se rassemblaient devant les proclamations royales et les commentaient à haute voix, avec de grands éclats de rire, tandis que la Police surveillait le public, avec soin, afin d’éviter toute manifestation contradictoire capable de susciter un conflit.

Mais pas un Carinthien ne protestait. On connaissait depuis trop longtemps les vengeances de la terrible société des C. D. E. L. P., dont le chef, Kolophaneski, était redouté à bon droit.

Cette terreur officielle était soigneusement entretenue par la Police elle-même, qui découvrait de prétendus complots, de temps en temps, afin de justifier l’existence de la Main noire et d’augmenter la crainte qu’elle inspirait.

Car la police Carinthienne, en Ukrana intelligente, servait à la fois les intérêts de la Couronne et ceux de Kolophaneski.

Elle touchait la solde officielle du Parti au Pou-