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Le Bouif errant

d’un tympanon et l’opposition manifeste ses sentiments par des trémolos, sur les grosses cordes, ou des miaulements, sur les chanterelles ; ce qui donne aux séances parlementaires l’aspect d’un Concours de fin d’année dans un Conservatoire de Musique.

La politique carinthienne ressemble à la Marche de Rakoczki. Elle procède par bonds imprévus ; par des Pianos suivis de Forté-Subito ; par des convulsions et des engourdissements. Elle passe de la modération à la fureur, et de la Réaction à la Révolution, sans motifs pour justifier ces variations de mesure.

Rien de stable dans ce curieux pays. Les Ministères tombent à chaque changement de saison, et les Ministres se renouvellent périodiquement.

Mais comme ce sont toujours les mêmes hommes qui reviennent, pour représenter des opinions différentes, le Peuple ne s’aperçoit point du changement et continue à payer ses impôts, sans protester contre ces gouvernements, interchangeables en apparence, et immuables en réalité.

C’est pourquoi l’arrivée du nouveau roi, Ladislas, fut accueillie par les habitants de Sélakçastyr, avec une grande tranquillité.

Les Carinthiens n’avaient plus d’opinions. La Royauté leur paraissait aussi respectable que la République, et la République leur plaisait au même titre que le Pouvoir absolu.

Ils s’intéressaient, simplement, aux cérémonies que les changements de gouvernement motivent toujours, et aux réjouissances officielles qui donnaient quelque animation à leur capitale d’opérette.

Aussi, lorsque la Proclamation, confirmant l’ar-