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Le Bouif errant

dications les archives de la Société des Nations, et cause aux diplomates de grandes perplexités, au point de vue de sa nationalité véritable.

Car, indépendamment de son nom, la Carinthie a emprunté sa population à toutes les races voisines : Tchécoslovaques, Moldo-Valaques, Yougoslaves, Austro-Serbes et Bosno-Herzégoviennes. Elle compte, sur ses listes de recensement : des Juifs, des Russes, des Polonais, des Albanais, des Serbes, des Roumains, des Croates, des Dalmates et des montagnards Monténégrins ; qui constituent la population flottante, car ils sont généralement employés comme bateliers, sur le Danube, (le beau Danube bleu) dont les eaux, toujours bourbeuses et sales ont inspiré tant de compositeurs de valses à trois temps.

cette eau de valse environne presque totalement le quartier industriel de Sélakçastyr, la presqu’île des Tziganes et des luthiers.

On y fabrique des violons estimés, de curieux archets courbes ; des Guzlas : des Cobzas, des Balalaïkas et des Tympanons, pour les orchestres du monde entier.

C’est, d’ailleurs, la principale industrie de Sélakçastyr, et, pour ainsi dire, la seule vraiment prospère.

Car la Musique et la Politique sont les deux grandes passions des Carinthiens.

Les députés vont aux séances de la Diète en portant, sous leur bras, un violon, au lieu d’une serviette en maroquin. Les discours des leaders se prononcent sur des mesures de czardas. Le Président de l’Assemblée impose le silence au moyen