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Qu’un cœur ambitieux ne doive dédaigner ?
Ne vous suffit-il pas d’avoir su me gagner ?
Considérez l’état où je serais réduite,
Si ce combat avait une funeste suite.

PATROCLE.

Achille vous serait toujours un protecteur.

LYDIE.

Achille est de mes maux le principal auteur ;
Et vous, par ce discours vous offensez Lydie
Qu’ai-je besoin, sans vous, de conserver ma vie ?
Si le destin me veut à ce point affliger,
Les enfers me sauront contre tous protéger.

PATROCLE.

Madame, au nom des dieux, cessez de me confondre.
Voici ce que je puis en deux mots vous répondre :
Plût aux dieux qu’il fallût mettre mon sang pour vous !
Le trépas n’aurait rien qui ne me semblât doux.
Mille fois en un jour demandez-moi ma vie,
Vous serez avec joie aussitôt obéie :
Je ne préfère point ma gloire à vos attraits ;
Du déshonneur, sans plus, j’appréhende les traits
Vous y devez pour moi vous-même être sensible.
On s’en va renverser ce mur inaccessible :
Verrai-je, pour un jour, tous mes jours diffamés ?
Vous me haïriez lors autant que vous m’aimez
Quand vous le souffririez, je me dois satisfaire.

LYDIE.

Va, de tels sentiments ne me sauraient déplaire.
J’ai voulu t’émouvoir ; mais, si je l’avais fait,
Je m’en applaudirais peut-être avec regret.
Rien ne presse : jouis encor de ma présence,
Tes projets sont remplis de trop d’impatience