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On m’a vu quelquefois affronter des guerriers :
Aujourd’hui que j’aspire à de nouveaux lauriers,
Chercherai-je Pâris ?

ACHILLE.

Qui te le dit ? Tu passes
De la terreur des Grecs aux âmes les plus basses.

PATROCLE.

Donnez-moi votre armure, Hector me cherchera.

ACHILLE.

J’en doute ; mais sur toi chacun s’attachera.

PATROCLE.

Elle redoublera ma force et mon courage.

ACHILLE.

Si tu crois en pouvoir tirer quelque avantage,

à Arbate.

Je te l’accorde. Arbate, il faut la lui donner.

Arbate. sort.

à Patrocle.

Prends garde, encor un coup, de trop t’abandonner.
Pousse les Phrygiens, redouble leurs alarmes ;
Ne te va point aussi jeter seul dans leurs armes ;
Deviens, pour ton ami, ménager de tes jours ;
Si tu ne l’es pour moi, sois-le pour tes amours,
Sois-le enfin ; c’est à moi d’en répondre à Lydie.
Notre commun bonheur va rouler sur ta vie.

PATROCLE.

Mes jours sont-ils si chers, Seigneur, et savez-vous
Si l’on vous avoûra d’un sentiment si doux ?
Je me flatte pourtant. Protégez ce que j’aime.
Nous avons à Lydie ôté le diadème ;
J’aidai les conquérants à lui ravir ses biens
Mort ou vif, je la veux récompenser des miens.
Tout est en votre main : tenez-lui lieu de frère.

ACHILLE.