Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/391

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout est égal ; j’ai trop établi mon renom :
Je l’étendrai plus loin. Je veux qu’Agamemnon
Me satisfasse enfin, non point par des paroles ;
Ses excuses, ses dons, ses offres sont frivoles.
Aussitôt qu’Ilion sera pris ou laissé,
Il verra ce que c’est de m’avoir offensé.
Que tous vos chefs unis embrassent sa défense,
J’en ferai d’autant plus éclater ma vengeance.
Quiconque entreprendra d’entrer dans nos débats
Attirera sur soi ma colère et mon bras.

PHOENIX.

Qu’entends-je ? à quel excès monte votre colère !
Vous ! attaquer la Grèce ! une seconde mère !
O Destins ! quels forfaits ont mérité ces maux ?
Nous rejetterez-vous en d’éternels travaux ?
Bienheureux Ilion, nous te portons envie :
Tu ne vois point les tiens déchirer leur patrie.
Puisse Phoenix mourir, dès qu’on t’aura vaincu !
Après ce que j’entends, Seigneur, j’ai trop vécu.
Je m’en retourne au camp.

ACHILLE.

Quoi ! si tôt ? Ah ! mon père,
Avez-vous en horreur un fils qui vous révère ?
Je pars demain, venez honorer notre cour.
Accordez-moi, du moins, le reste de ce jour.
A l’entour de ces murs tout est calme et tranquille ;
Je n’entends aucun bruit au camp, ni dans la ville
L’aurore est avancée ; Hector eût pris ce temps,
S’il eût voulu sortir avec ses combattants.
Aux fatigues de Mars donnez quelque relâche ;
Demain vous reprendrez cette pénible tâche…
Mais que nous veut Patrocle ? Il accourt…