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Tenons-nous de leur main les lieux où nous régnons ?
Le sang d’Atrée a-t-il du pouvoir sur le nôtre ?
Sommes-nous dépendants, vous ni moi, d’aucun autre ?
Ulysse voudrait-il qu’on dît qu’étant forcé
Il a de ses pareils l’intérêt embrassé ?
Non, sans doute.

ULYSSE.

Il fallait venger nos diadèmes.
L’affront fait à ces rois retombait sur nous-mêmes.
J’entrai dans leur parti de mon pur mouvement ;
Rien ne m’y contraignit qu’un juste sentiment.
Cette même raison vous donna même envie :
Est-elle autre aujourd’hui que dix ans l’ont suivie ?
Nous nous sommes enfin à poursuivre engagés
Laisserons-nous des murs si longtemps assiégés,
Des murs qui pour jamais aux princes de la Grèce
Seraient un monument de honte et de faiblesse ?

AJAX.

Après dix ans d’assauts, s’il nous les faut quitter,
Quels peuples ne viendront chez nous nous insulter ?

ACHILLE.

Quand j’ai lieu de me plaindre, on ne me convainc guères.
Ce que vous alléguez en faveur de ces frères,
L’un d’eux, à mon égard, le détruit aujourd’hui
Je veux bien vous payer de raisons et non lui.

ULYSSE.
à Ajax.

Seigneurs, laissons à part les disputes frivoles !

à Achille.

Et vous, fils de Thétis, écoutez mes paroles.
Vous croyez que ce chef pour unique raison
N’a que de réparer l’honneur de sa maison,