Seigneur, ne cherchez point de raison dans l’amour.
J’en dis trop ; cet aveu vous déplaira peut-être.
Mais quoi ! j’ai beau rougir, mon cœur n’est plus le maître.
Ce que l’on sent pour vous ne se peut étouffer
Achille ne saurait à demi triompher.
Souffrez qu’après ces mots Briséis se retire.
Ne vous lassez-vous point de les entendre dire ?
Ma rougeur me confond : je sors donc ; aussi bien
Ulysse va venir, et je ne craindrais rien !
Résistez à son art, opposez-lui ma flamme ;
Opposez-lui, du moins, la fierté de votre âme.
Que vous importe-t-il qu’on venge Ménélas ?
Songez à vos parents, à vos destins, hélas !
Aux miens qui les suivront. J’ai pour tout artifice
Les pleurs que vous voyez : pourront-ils moins qu’Ulysse ?
Employrai-je des traits moins sûrs de vous toucher ?
Adieu, Seigneur ; gardez un courroux qui m’est cher.
Scène IV
Quelque fierté qu’on ait, quelque serment qu’on fasse,
Patrocle, il faut aimer. Tu me croyais de glace ;
Achille te semblait devoir tout dédaigner :
Tu vois, ainsi qu’un autre il s’est laissé gagner.
J’aime, je suis touché, je fais gloire de l’être ;
L’heure enfin est venue où, loin d’agir en maître,
En héros qui partout veut être le vainqueur,
Je me rends, et connais les faiblesses d’un cœur.
N’appelez